Comme en prenant des photographies.

Cet article s’interroge sur la relation entre la poésie et la photographie à travers le concept du «comme si». Il soutient que plutôt que de considérer ces deux formes d'art comme étant soit compétitives, soit mimétiques, nous trouvons dans les œuvres photographiques ekphrastiques contemporaines une tentative de dépasser cette pensée binaire. À travers la lecture de #1YearNoCam de David Jhave Johnston et de No film in the camera de Hanne Bramness, je maintiens que ces deux poètes n'ont pas l'intention de tenter de transformer leurs poèmes en photographies, d'imiter la photographie ou encore de la remplacer complètement. Ils écrivent «comme si». Ils essaient malgré tout.

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La poésie lyrique: inter-générique, transnationale, translinguistique?

Cet essai avance une série de postulats. 1) La poésie lyrique n'est pas définissable par des caractéristiques exclusives. 2) Elle peut être décrite par des stratégies formelles non-exclusives encodées dans les textes et les communautés. 3) Elle constitue un genre, ce dernier étant compris comme une fusion de la poétique et de l'herméneutique. 4) Elle vit historiquement mais survit de façon transhistorique. 5) Elle n'est ni simplement personnelle, ni entièrement impersonnelle. 6) Elle se distingue des genres plus empiriques et mimétiques par la densité de sa médiation verbale et formelle. 7) Elle est inter-générique. 8) Elle est transnationale. 9) Elle doit être étudiée à la fois au niveau macro et micro. 10) Elle met en évidence l'hybridation interculturelle, la créolisation et la vernacularisation. 11) Elle accomplit ceci «au sein de», et «entre» les langues. 12) Enfin, elle n'est pas morte et elle n'est pas exclusivement une forme appartenant à l’élite.

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Pour un lyrisme de l’écart

La question du lyrisme est devenue aujourd’hui celle du rapport entre l’auteur et son lecteur. L’esthétique dite «relationnelle», puis les théories de la «convergence» ou de la «participation», qui insistent sur la fusion du créateur et du public, définissent le lyrisme en termes de rencontre, d’échange, voire d’identité de ces pôles. On voudrait défendre ici une approche toute différente, qui met en avant la distance, non seulement dans le temps comme dans l’espace mais aussi dans la langue, de ce qui est en jeu dans l’écriture et dans la lecture lyriques.

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L’Adresse Lyrique

La structure fondamentale de la poésie lyrique serait l'adresse triangulée (triangulated address): le lecteur donne voix à un discours qui s'adresse aux lecteurs par l'intermédiaire d'un tiers – quelqu'un ou quelque chose qui est adressé. La version la plus frappante de ce phénomène – figure qui résume tout ce qu'il y a de plus prétentieux et de mystificateur dans la poésie lyrique – serait la figure vatique de l'apostrophe: à savoir, l'interpellation d'un interlocuteur fictif (une urne, un oiseau, la Mort, la Beauté). L'adresse directe faite au lecteur est assez rare, et comporte souvent ce qu'on pourrait appeler un «vous flou» qui désigne le lecteur, ou tout le monde, ou encore le poète lui ou elle-même. C'est l'adresse lyrique qui fait du poème un événement.

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EGO ÉCO GÉO

Le lyrisme a souvent été compris comme l’expression du sentiment personnel: il serait foncièrement ego-centré, notamment dans la poésie romantique. Or le sujet lyrique y apparaît souvent excentré, comme en témoignent par exemple certains poèmes de Shelley ou de Wordsworth. Le sentiment de la nature prend aujourd’hui des formes et une dimension nouvelles grâce à l’émergence d’une conscience écologique, qui unit la sensibilité à l’environnement, l’attachement à la terre (Land) et le souci de la planète (Earth). Elle trouve son expression dans des courants comme la géopoétique, l’ecopoetry ou la place poetry. Michel Collot en donne quelques exemples empruntés à la poésie américaine du 20e siècle.

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