Pour un lyrisme de l’écart

La question du lyrisme est devenue aujourd’hui celle du rapport entre l’auteur et son lecteur. L’esthétique dite «relationnelle», puis les théories de la «convergence» ou de la «participation», qui insistent sur la fusion du créateur et du public, définissent le lyrisme en termes de rencontre, d’échange, voire d’identité de ces pôles. On voudrait défendre ici une approche toute différente, qui met en avant la distance, non seulement dans le temps comme dans l’espace mais aussi dans la langue, de ce qui est en jeu dans l’écriture et dans la lecture lyriques.

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L’Adresse Lyrique

La structure fondamentale de la poésie lyrique serait l'adresse triangulée (triangulated address): le lecteur donne voix à un discours qui s'adresse aux lecteurs par l'intermédiaire d'un tiers – quelqu'un ou quelque chose qui est adressé. La version la plus frappante de ce phénomène – figure qui résume tout ce qu'il y a de plus prétentieux et de mystificateur dans la poésie lyrique – serait la figure vatique de l'apostrophe: à savoir, l'interpellation d'un interlocuteur fictif (une urne, un oiseau, la Mort, la Beauté). L'adresse directe faite au lecteur est assez rare, et comporte souvent ce qu'on pourrait appeler un «vous flou» qui désigne le lecteur, ou tout le monde, ou encore le poète lui ou elle-même. C'est l'adresse lyrique qui fait du poème un événement.

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EGO ÉCO GÉO

Le lyrisme a souvent été compris comme l’expression du sentiment personnel: il serait foncièrement ego-centré, notamment dans la poésie romantique. Or le sujet lyrique y apparaît souvent excentré, comme en témoignent par exemple certains poèmes de Shelley ou de Wordsworth. Le sentiment de la nature prend aujourd’hui des formes et une dimension nouvelles grâce à l’émergence d’une conscience écologique, qui unit la sensibilité à l’environnement, l’attachement à la terre (Land) et le souci de la planète (Earth). Elle trouve son expression dans des courants comme la géopoétique, l’ecopoetry ou la place poetry. Michel Collot en donne quelques exemples empruntés à la poésie américaine du 20e siècle.

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Entre l’œil et l’oreille

La poésie écrite s’adresse à l’œil et à l’oreille, et son analyse ne peut se limiter au rapport entre son et sens. L’article montre en quoi ces propriétés visuelles et sonores sont spécifiques et en quoi elles peuvent interférer, en prenant des exemples dans la mise en page (Reverdy), la rime (Baudelaire), la ponctuation (Rimbaud). Alors que les techniques d’enregistrement modifient les conditions d’archivage de la poésie contemporaine, il propose, en confrontant l’écoute et la lecture, des voies nouvelles d’investigation stylistique.

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